Nous débarquons à Jaipur en fin de soirée, après 6h de train depuis Agra, le 29 octobre. Nous avons passé une grande partie du trajet à … manger. Goûter de fin d’après-midi, encas/snack de début de soirée et enfin dîner ont rythmé notre voyage (tout dépend de la classe choisie pour le voyage, nous sommes tombés sur la bonne).
Encore une fois, à destination, nous n’avons pas le temps de poser un pied sur le quai qu’un conducteur de tuk-tuk nous aborde (ils vous repèrent par les fenêtres avant même que le train ne s’arrête). La négociation s’engage directement, et, comme en Afrique, nous divisons le prix proposé par 2. Il faudra, ici, sans doute prendre l’habitude de batailler sec pour le diviser au moins par 3 ou 4 afin d’espérer s’approcher du prix réel. Nous voilà donc partis à bord du rickshaw, conduit par un jeune indien qui parle quelques mots de français. C’est à grands coups de “c’est parti mon kiki”, “oulala” et “comme ci comme ça”, à peu près tous hors-contexte, que nous atteignons notre hôtel et que nous posons nos sacs pour 2 nuits.
Première journée : visite de la ville
Jaipur, nommée la ville rose (et paf, explication du titre) est la capitale de la région du Rajasthan. Lorsque vous dites que vous êtes français, la réaction systématique est d’ailleurs “ah je connais bien Toulouse”. Le rose représentant l’accueil et la bienvenue.
La vieille-ville est effectivement composé de nombreuses bâtisse aux teintes rosâtres (peut-être furent-elles roses, à une époque, mais l’âge et la pollution ont eu raison de leur éclat). Comme pour chaque endroit que nous avons visité ou que nous visiterons, nous passons la première journée à baguenauder dans le centre-ville.
Nous quittons l’hôtel en milieu de matinée et rejoignons, à pieds, le coeur de la cité.
Nous sommes incapables de vous donner le nombre de propositions de tuk-tuk que nous avons reçu sur les 4km qui nous en sépare. Encore aujourd’hui, nous hésitons à nous accrocher une pancarte, “No tuk-tuk, thank you”, dans le dos, à chaque fois que nous partons en balade.
La journée se passe donc à divaguer dans les rues et les ruelles, en nous orientant à l’aide de la pointe des temples dépassant des toits. Nous passons ainsi devant plusieurs édifices (dont nous apprenons le nom et l’histoire sur les éventuelles pancartes explicatives et sur “Google est ton ami”) : le “Wind palace” est l’un des bâtiment les plus impressionnant que nous croiserons. Énorme palais de 5 niveaux, à l’architecture peu banale, dont la façade est composée de nombreuses petites alcôves dépassant sur la rue. L’histoire veut que ces alcôves servaient à tromper l’ennui des femmes du harem du mahârâja Sawâi Pratap Singh (sacré bonhomme bien connu de tous), qui pouvaient ainsi observer les va-et-vient de la rue tout en restant à l’abri des regards indiscrets.
Continuant nos pérégrinations, nous nous faisons alpaguer, au pied d’un grand escalier, par un homme d’une quarantaine d’année qui nous propose de grimper. Nous nous retrouvons sur le toit d’un temple avec une vue sur la ville, les collines alentour et les explications de l’homme s’improvisant guide (puisque, nous l’apprendrons 10min plus tard, il est en réalité joaillier). La ville se trouve dans une sorte de cirque, et des temples et palais surgissent des montagnes la ceinturant.
On ne peut s’empêcher de louer la bravoure des hommes ayant érigé ces énormes bâtiments à flanc de colline, et se questionner sur la santé mentales de ceux ayant demandé leur construction.
Dix minutes plus tard, nous redescendons dans la rue, et, le bonhomme, ne perdant pas complètement le nord, nous propose de venir faire un tour dans sa boutique. Nous finissons donc chez son cousin (logique), un grossiste joaillier. Nous passons plus d’une heure à discuter de son travail tandis qu’il nous montre ses différentes créations : boucles d’oreilles et bagues, serties de pierres précieuses et semi-précieuses en tous genres. Il nous explique qu’une fois sortis de son atelier, ces bijoux triplent ou quadruplent de valeur avant de finir aux oreilles ou aux doigts des touristes. Nous n’acheterons finalement rien, ce qui n’aura pas l’air de décevoir notre homme, content, il semblerait, d’avoir pu échanger avec nous. Nous continuons notre route et finissons l’après-midi en flânant dans un parc à l’écart du centre-ville et de sa circulation infernale (on pourrait se prendre au jeu du “évites les voitures et les motos” pendant toute la journée).
Petite pause de verdure et de calme qui sera ponctuée de nombreuses demandes de selfies et photos venant de groupes de jeunes comme de famille : une légère impression de singes en cage nous gagnera. Il faut le savoir, outre ces demandes, les indiens ont la fâcheuse tendance de vous fixer et vous dévisager pendant de longues, très longues minutes (un homme attendant à côté de nous pour prendre le train depuis Agra, n’a pas détourné le regard pendant plus de 2h!).
Nous rentrons finalement à l’hôtel en milieu de soirée et ressortons, une heure plus tard, pour nous trouver une échoppe de rue où manger (la journée nous a plutôt creusé). Un jeune d’une vingtaine d’années nous accoste sur le chemin et nous propose, après quelques minutes, de venir prendre le thé chez lui. Chez lui, c’est une grande maison dont le rez-de-chaussée est une école de quelques classes accueillant, gratuitement, des enfants de familles dans le besoin ou des orphelins du quartier. A l’étage, une cuisine et une succession de chambres. Nous nous installons dans celle de notre nouveau compère, Dhruva, et nous sommes rejoins par son père, un artiste peintre d’une cinquantaine d’années. Quelques minutes plus tard, c’est sa mère qui fait son apparition, avec du Chaï pour tout le monde (excepté pour elle). Nous parlons de tout et de rien, nous arrêtant plus longuement sur la situation politique du Cachemire, toujours très délicate, et de la croissance de la Chine, grapillant peu à peu de nombreux business indiens. Son père parle moins bien anglais et reste simplement là à nous écouter en sirotant son thé.
La fatigue de la journée, et la faim, se faisant vraiment sentir, nous décidons de rentrer à l’hôtel. Mais pas avant que Dhruva ne nous ait proposé de venir voir, le lendemain, une autre école dont sa famille est responsable et rencontrer son oncle, astrologue.
Deuxième journée : éducation, karma et astrologie
9h30 le lendemain matin nous sommes donc de retour chez Dhruva. Nous y patientons pendant une petite demi-heure avant de rejoindre l’école dont il nous a parlé la veille. Elle est située à 500m de chez lui et vient d’ouvrir en juillet. Les enfants, pour le moment une trentaine, sont séparés dans 2 classes. Dhruva nous explique que ce n’est que le début et que l’école pourra en accueillir jusqu’à 150. Nous faisons la connaissance du directeur et apres lui avoir demandé son autorisation, partons à la visite les locaux. L’école n’occupe, pour l’instant, que le rez-de-chaussée d’un bâtiment de 4 étages, découpé en 3 classes et un espace de jeu (plus les bureaux administratifs). Nous rencontrons la soeur de Dhruva, une des institutrice (travaillant également comme reporter pour un journal local) et les enfants des deux classes occupées. À notre entrée, tout le monde se lève et lâche un “good morning”, accompagné de regards interrogateurs ou surpris. Nous sommes invités à venir prendre des photos, à nous faire prendre en photo, et à échanger avec les enfants (pas forcément évident).
Ils ont entre trois et quatre ans et débutent l’apprentissage de l’anglais en parallèle de l’hindi. Nous passons une vingtaine de minutes avec eux avant de les quitter pour retourner chez Dhruva, où son oncle doit nous attendre, nous dit-il, pour une séance d’astrologie.
Nous faisons donc la rencontre d’un homme de 48 ans (qui n’en fait que 35 : différence apportée, d’après lui, par sa pratique journalière du yoga et de la méditation) et échangeons quelques instants avant qu’il ne nous propose la fameuse séance.
Noémie, plutôt septique, s’abstiendra. Je me permets donc de prendre la première personne du singulier pour le prochain passage. Pas moins septique, mais l’homme ayant piqué ma curiosité, nous voilà, face à face, dans l’une des petite pièce de la maison. Pour qu’il me donne des informations sur mon passé, mon présent et mes possibles attentes pour le future (il n’est pas non plus devin me dit-il), il lui faut simplement : mon prénom et mon nom, ma date, mon heure et mon lieu de naissance. J’écris donc le tout sur un petit bout de papier qu’il récupère et l’homme débute le schéma de mon horoscope : sorte de dessin représentant les différents chakra (d’après ce que j’ai compris) qu’il complète de différentes informations. Ainsi, après de longues minutes de silence, il “m’apprend” : que j’ai des problèmes de dos (merci), que si je n’arrête pas de fumer j’aurais des soucis avec mon poumon gauche ou encore que j’ai déjà laissé passer deux des quatres opportunités de carrière que j’aurais dans la vie (la prochaine se présentera d’ailleurs entre janvier et mai de l’année prochaine: la tuile, nous ne rentrons qu’en juillet). Il m’indique que j’ai une puissante mais instable aura (alignement de Mars et Jupiter) du fait de l’indécision et de l’hésitation qui m’habite continuellement, et que, pour canaliser cette force, il me faudrait porter un rubis et un saphir jaune, en collier. Mmmh ok, pourquoi pas, je verrai cela plus tard. La séance aura durée une trentaine de minutes et j’en ressortirai avec une impression de …. mouais. Quelle crédibilité apporter aux informations données: pas complètement inexactes, voire même évidentes avec un bon sens de l’observation et de déduction. D’autant plus qu’un appel skype avec les parents, 2 jours plus tard, m’apprendra que je me suis planté de 12h en lui donnant mon heure de naissance (franchement, qui retient cette information?).
Bref, c’est sur dernière rencontre (et sur un énième chaï) que nous quittons nos derniers amis en date pour rejoindre la gare. Un trajet de 10h de train nous attend pour parvenir à Jaisalmer, notre prochaine étape dans le Rajasthan.
LEMOINE Victor
Toujours passionnant de vivre – après vous – ce voyage ! Profitez de votre chance, car c’en est une.