Après nos quelques jours passés à Phnom-Penh, nous rejoignons Kampot en mini-van le 06 mars. On y arrive en milieu de journée à la station de bus. La fameuse mission “cherche ta guesthouse » est directement lancée et sera sans doute l’une des plus longue jamais réalisée. On marche dans la ville, sous le cagnard, pendant une bonne heure et demie avant de trouver chaussure à notre pied. Après avoir traversé la ville et n’avoir trouvé que des chambres à 8$, nous finissons dans une auberge, sur un des principaux axes de la ville. Et là jackpot : chambre à 6$ avec deux lits (des grands lits simples ou des petits lits doubles on ne sait pas trop) et sans eau chaude. Ça nous convient parfaitement, de toute façon, étant donné la chaleur, une douche chaude aurait été de trop. Bref on pose nos sacs, complètement trempés (plutôt nous que les sacs) et on se prend une bonne douche froide avant de ressortir se chercher à manger. Juste avant la fin de notre mission guesthouse, nous avions passé un petit restau (à 500m de notre auberge) et on décide donc d’aller voir ce qu’il propose. La carte n’est pas très fournie mais le propriétaire est bien sympa et la cuisine vraiment bonne (le mec vient de s’installer avec sa femme et ils font la cuisine dans la seule pièce de leur appartement/restau). L’expression “À la bonne franquette” n’a jamais eu autant de sens que depuis que l’on est parti. Nous avons trouvé notre QG bouffe pour les prochains jours, et ça, ça n’a pas de prix (enfin si mais c’est pas trop cher).
Sachant que l’on a déjà traversé la ville et qu’il n’y a pas grand chose de particulier à y faire, on se bouge dans l’après-midi pour aller louer des scooters pour les 3 prochains jours. On en retrouve, pas très loin de la station de bus, pour 10$ les 3 jours et on les réserve pour le lendemain.
On termine ensuite tranquillement la journée par un combo (maintenant devenu assez récurent) bière/jeu de carte. (Plus quelques petites parties d’un jeu vidéo sur tablette avec Michael : sorte de League of Legends, pour les connaisseurs).
Première sortie scooter : le mont Bokor et les marais salants
Le lendemain de notre arrivée, on récupère nos scooters vers 10h et hop, à fond les manettes, on se dirige vers le mont Bokor. Qu’est-ce-qu’il a de si particulier ce mont? Un projet immobilier démesuré.
Aparté historique
Le premier bâtiment à y avoir vu le jour, date du protectorat français, lorsque nous y avions construit une station balnéaire pour que les hommes puissent venir s’y reposer (dure dure la vie d’un colonisateur). Pour y accéder, 33kms de route construite par des prisonniers cambodgiens dont 880 perdirent la vie. On était quand même des gens sympas. Ensuite, y sont construit un relai poste/télégraphe, une station agricole et une villa pour le résident supérieur (l’homme français en charge du pays).
Fin des années 1940, le site est en grande partie détruit retour abandonné lors d’une insurrection des khmers Issarak (groupe indépendantiste formé durant le protectorat).
De l’indépendance cambodgienne jusqu’en 1972, le site est rénové, et de nouveaux hôtel et un casino sont construits.
En 1972, après avoir renversé le pouvoir, les Khmers rouges installent un bastion sur la colline et le tienne jusqu’en 1993 avant de se faire chasser par “l’autorité provisoire des Nations-Unies au Cambodge”.
Fin de l’aparté historique
De nos jours, de nombreux bâtiments ont été rénovés et de nouveaux ont fait surface. Un projet immobilier au coût faramineux a été lancé : construction d’une nouvelle ville, à l’américaine, avec quartiers de petits pavillons ou de villa.
Aujourd’hui, le plus grand bâtiment présent est un gigantesque hôtel flanqué d’un casino.
En 2008, 1 milliards de dollars ont été débloqués afin de mener à bien le projet. Avantages pour les cambodgiens? Nada, le site a été cédé par le gouvernement cambodgien, au groupe Sokimex (géant pétrolier) pour 99 ans.
On découvre donc, tout au long de la matinée, un mélange de bâtiments en construction et de ruines non restaurées.
L’ambiance est un peu particulière, certains des bâtiments, comme le grand hôtel, sont plutôt moches et dégradent le paysage du plateau, alors que d’autres, non rénovés, se fondent peu à peu dans la végétation.
On s’en va ensuite faire le tour du plateau avant de redescendre vers Kampot. La journée n’étant pas encore finie, on se dirige vers les marais salants, bordant le golfe de Thaïlande.
La piste, principalement utilisée par les camions d’une carrière, nous régale de son lot de poussière. On atteint finalement le bout de la route (se frayer un chemin dans les petits sentiers) et on se pose quelques instants en compagnie de jeunes cambodgiens qui nous expliquent, à grands renforts de mimes, que l’on peut aller se baigner.
L’eau ne nous inspire pas particulièrement (même si une petite trempette nous aurait éloignée de la chaleur et de la poussière) et l’on reprend le chemin pour rentrer à Kampot. On termine la journée avec l’habituelle combo.
Deuxième sortie scooter : Kep et le marché au crabe
Pour notre deuxième journée, on se rend à Kep, à une vingtaine de kilomètres de Kampot. La ville côtière (appelée Kep-sur-mer durant le protectorat) est principalement connue pour son marché au crabe.
On y fait donc un tour en milieu de matinée et on se laisse tenter par du poisson grillé au barbecue (un délice) pour notre repas du midi.
Bien repus, on reprend les scooter et on longe la côte, sur une sorte de promenade des anglais à la cambodgienne, agrémentée d’une statue de crabe géant.
La ville n’ayant pas grand-chose de plus que son marché, on s’éloigne assez vite et on reprend la route vers Kampot. En chemin, on bifurque sur une piste de terre (on adore les chemins défoncés de nids de poules, surtout Noémie qui a le plaisir de sentir chaque petite bosse à l’arrière du scooter) pour rejoindre des grottes indiquées sur maps.me.
On y est accueillis par une ribambelle de gamins, qui s’improvisent guides pour vous montrer le temple se trouvant dans la partie supérieure de la grotte (on y accède par un escalier extérieur. Il est ensuite possible de redescendre en mode “spéléologues amateurs” par l’intérieur. On se faufile, on sautille de rochers en rochers et on ressort en se glissant par un trou de lapin (plutôt sympa).
Àla fin de la visite par contre, ça ne manque pas, nos “enfants guides” nous demande une compensation financière, qu’on refuse de leur donner (la question de savoir où se retrouve cet argent nous taraude toujours). Après une petite pause, on reprend nos bécanes et on rentre tranquillement à l’auberge.
Troisième sortie scooter : secret lake et plantations de poivre
Pour notre dernière sortie, on ne pouvait pas se permettre d’éviter les plantations de poivres de Kampot. Pour s’y rendre, on emprunte encore une fois de superbes pistes parfaitement défoncées, et, avant d’atteindre les plantations, on bifurque pour rejoindre le secret lake. En vrai, on ne sait toujours pas pourquoi ce lac est censé être secret : une énorme étendue d’eau au milieu de la campagne, on a vu plus furtif comme lac.
Il n’y a rien de particulièrement exceptionnel mais cela nous permet de nous écarter de la piste principale et de nous enfoncer un peu plus dans la campagne. On parcourt ainsi la piste un peu moins défoncée (moins de passage) au milieu des champs et des plantations d’arbres fruitiers en tous genres (manguier, jacquier et autres). La matinée passe vraiment vite au cœur de ce paysage un peu plus paumé et moins civilisé (on croise quand même quelques petits villages et maisonnettes). Sur les coups de midi, on atteint finalement la plantation de poivre.
On gare nos scooters et l’on suit la direction pointée par le vigile pour nous retrouver au pied d’un grand réfectoire (et on n’est pas les seuls). Après quelques minutes d’attente, on se retrouve attablés avec une dizaine d’autres touristes et un guide, français s’il vous plaît, nous explique en détail le projet de la plantation (investissement réalisé par un européen il y a de ça 3 ans). La présentation terminée, nous passons à la dégustation des différents produits finis proposés à la vente : poivre noir bien connus de tous, poivre vert, poivre rouge, poivre noir macéré dans du sel (un délice), poivre long (moins connu) et piment oiseau (méchamment pimenté). Il faut le savoir, le poivre de Kampot jouit d’une renommée internationale et est utilisée par de nombreux cuisiniers reconnus dont un breton : Mr Olivier Roellinger (un peu de chauvinisme ça ne fait jamais de mal). Et bien même si on n’est pas des connaisseurs, on est capable de vous dire que la réputation n’est pas volée (surtout pour le poivre noir au sel). À la fin de la dégustation, notre guide nous emmène faire un tour dans les plantations pour nous (ré)expliquer tout le toutim : un pied donne une récolte une fois par ans (il faut attendre 3 ans pour que le rendement atteigne son maximum), un pied à une durée de vie d’environ 35 ans, et l’ensemble de la plantation nécessite un soin tout particulier (une bonne irrigation, épandage d’engrais 100% bio, etc).
Notre visite terminée, nous revenons au point de départ avec la possibilité d’acheter les différents produits. On se laissera tenter mais on en profitera surtout pour discuter avec notre guide de la situation professionnelle des travailleurs sur l’exploitation et dans le pays en général (c’est rare d’avoir l’occasion de parler avec un français qui bosse sur place). Le salaire moyen d’un ouvrier sur la plantation (nourri et logé) avoisine les 150$ (plus élevé pour les guides et pour le personnel administratif).
Après avoir récupéré nos scooters, on se redirige vers la guesthouse pour y passer la fin d’après-midi.
Le lendemain, départ pour Phnom-Penh afin de prendre un bus vers le Vietnam. On quitte Michael et Marion qui s’en vont vers la côte Sud-Ouest et Sihanouk ville.
Pour le reste des photos, c’est par ici :
Floriane
Ça faisait longtemps que je ne vous avez pas lu et ça fait du bien ! :+) Profitez bien!!!
GougeonSauvage
Oh on profite sans problèmes ;). Merci!