Le 23 février, notre visa laotien arrive à expiration et nous quittons donc les 4000 îles pour rejoindre le Cambodge, notre prochaine étape. Après avoir lu et entendu de nombreux avertissements sur l’importante corruption présente à la frontière, nous décidons de nous rendre par nos propres moyens à la frontière (et de là à Siem Reap). En effet, il semble que si vous réservez un trajet direct depuis le Laos jusqu’à une ville cambodgienne, les conducteurs des bus vous y menant font parti intégrante du système de “bakchich” (1$ de plus par ici si vous n’avez pas de carnet de vaccination, 5$ de plus par là pour un tampon, etc).
A 8h, nous prenons donc un bateau depuis Don Det, accompagnés de Marion et Michael avec qui nous allons faire un bout de chemin. On débarque 15 min plus tard et l’on se met en quête d’un moyen de transport pour rejoindre la frontière, 15km plus loin. C’est un coup dans l’eau : aucun tuk-tuk ne veut nous y emmener (il semble que la police au frontière leur demande une commission s’ils amènent des touristes) et l’on finit par en trouver un qui nous dépose 3km plus loin au pied d’une voiture. On embarque après avoir négocié le prix de la course. Arrivés à 300m du poste frontière, le chauffeur nous dépote vite-fait bien-fait et repart rapidement en sens inverse : il ne fait décidément pas bon traîner dans le coin. On endosse nos sacs et l’on se dirige vers le poste frontalier laotien pour récupérer notre tampon de sortie du territoire. C’est là que la partie commence (toute procédure administrative aux frontières, mis à part le visa, est gratuite).
Niveau 1: on rentre dans le game
Le policier laotien nous demande 1$ par personne pour nous apposer le tampon de sortie (l’encre doit coûter cher et le coup de poignet demander un effort particulièrement intense). On refuse gentiment en lui faisant remarquer que le coût n’est pas du tout justifié et qu’il ne peut absolument pas nous retenir sachant que notre visa arrive à expiration. Après 15min de parlementation et de négociation, nous finissons par lui laisser 2$ pour 4 (pas moyen de quitter le pays sans payer). On comprend vraiment, à ce moment-là, que la partie va être serrée. 200m plus loin, nous arrivons au poste frontière cambodgien et rebelote.
Niveau 2 : niveau intermédiaire rapidement terminé
Au premier guichet, le policier vérifie que vous possédez un carnet de vaccination (aucun vaccin n’est obligatoire sur le territoire cambodgien). Pas de soucis de notre côté, on lui présente le bout de papier jaune et l’on passe tranquillement au niveau suivant. Marion et Michael n’ayant pas ledit papier avec eux, l’homme leur demande 1$ par personne. Ils s’acquittent du montant et nous rejoignent pour la conquête du troisième et dernier niveau.
Niveau 3 : Boss de fin de partie
On arrive au début du dernier niveau à 9h30 et c’est là que les choses se corsent. On a beau avoir gagné pas mal d’expérience sur les 2 niveaux précédents, le boss de fin de game est un sacré morceau. On entre dans le bâtiment et un policier nous “indique” (à partir d’ici, tous les policiers vous mettent une pression monstre et vous gueulent littéralement dessus) une table où l’on s’assoit pour compléter un document d’entrée sur le territoire. Pas de soucis, la demande est réglementaire et on l’a déjà fait pour nos passages de frontière précédents, on complète donc la feuille et on se présente au comptoir de visa. Ici, le boss vous lance sa première attaque et demande:
- La fiche complétée juste avant
- Votre passeport avec le tampon de sortie du Laos
- Une photo d’identité (Pierre n’en a pas)
- 35$ pour le visa
Mmmh, pardon? 35$? On n’a pas dû bien comprendre parce qu’il est indiqué partout (on a également checké France diplomatie) que le visa coûte 30$. Si si, il insiste, c’est bien 35$ car le tampon coûte 5$ (l’encre est apparemment plus cher au Cambodge qu’au Laos) et il enchaîne directement avec une seconde attaque : c’est 2$ de plus pour la photo d’identité manquante. Paf.
On est un peu étourdi par l’enchaînement mais on tente de reprendre rapidement nos esprits pour contre-attaquer. On se lance alors dans une joute verbale :
- “Monsieur le boss, on sait très bien que le visa ne coûte que 30$ et que le supplément que vous demandez n’est pas légal !”.
- “C’est 72$ pour 2 personnes” (35$ par visa plus la photo)
- “Mais on sait que le visa ne coûte que 30$, on peut vous laisser 2$ de plus pour la photo”
- “C’est 72$ pour 2 personnes”
- “Mais ….”
On s’arrête là parce que ça dure 20min et que la réponse ne changera pas. On commence à s’agacer gentiment et un des sbire arrive à la rescousse du boss et nous “demande” de sortir et d’attendre dehors. Noémie s’énerve un peu et lance son attaque “chanter à tue-tête dans le hall” en se rapprochant progressivement du comptoir de visa. Un second policier vient donc nous crier dessus et nous sort du hall. On doit alors attendre 2h30 avant que le boss ne daigne nous laisser repasser mais pas après qu’il nous ait balancé sa dernière et sournoise attaque “écrivez une lettre d’excuse aux autorités”. Impossible d’esquiver, on se plie aux exigences et nous excusons par écrit d’avoir chanté. On se représente ensuite au comptoir et après re-vérification de tous nos papiers, le boss ne nous demande finalement que 30$ par personne et nous laisse passer. Nous sortons demi-vainqueur de ce dernier niveau, chacun des 2 partis ayant joué sur l’usure de son adversaire.
Il est finalement 12h15 lorsque nous entrons officiellement sur le territoire cambodgien. Notre mini-van pour Siem Reap était censé partir à 11h30 mais les types doivent connaître le fonctionnement de leurs compatriotes puisqu’on ne part finalement qu’à 12h30.
Bibi
Et beh !!! Sacré partie ! Bravo les gougeons sauvages, j’imagine d’ici l’attaque sournoise du chant à tue-tête !
LEMOINE Victor
Cela faisait un moment que je ne vous avais pas accompagnés ! J’ai bien aimé l’arrivée au LAOS. Vous vous débrouillez comme des chefs !