Pyin Oo Lwin et Hsipaw
Où l’on prend le train pour aller se perdre dans les montagnes
Le 10 décembre, nous prenons un pick-up depuis Mandalay pour rejoindre Pyin Oo Lwin. Le trajet est supposé durer 2h (60 km) mais l’on se retrouve rapidement bloqué dans des bouchons sur la petite route montagne. Pendant plus d’une heure, on avance au pas, le rabatteur, à chaque nouvel arrêt, place une cale sous les roues pour empêcher le pick-up de redescendre.
Moment plutôt sympa (on n’est pas pressé) on peut sortir et marcher à côté des véhicules bloqués. On finit par reprendre une allure normale mais l’on s’arrête de nouveau, 30 min plus tard, pour la pause déjeuner. On se retrouve dans un petit restaurant au bord de la route où, bien sûr, la patronne et les serveuses ne parlent pas anglais. Voyant les soupes servies au groupe a côté de nous, on tente de faire comprendre que l’on voudrait la même chose, mais on doit mal mimer notre intention (ouais, en voyage, tu t’entraines quotidiennement pour devenir le meilleur mime au monde). L’une des filles du groupe vient à notre rescousse et passe la commande pour nous. On nous sert nos soupes (encore une fois très bonnes) et notre sauveuse nous indique en partant qu’elle a déjà payé pour nous! On a l’impression de revivre la situation de la veille à Sagaing, on a beau insister, elle refuse qu’on l’a rembourse. On n’a plus qu’à la remercier chaudement et à terminer nos bols avant de remonter à bord du pick-up. On passera un moment dans les nuages (on vous l’a dit on est en montagne) avant de redescendre vers Pyin Oo Lwin. On y arrive finalement en fin d’après-midi et l’on décide d’y rester pour 2 nuits au lieu d’une (histoire de faire un peu le tour du bled le lendemain).
Petit tour dans la campagne de Pyin Oo Lwin
Le lendemain, nous prenons notre temps le matin et allons marcher tranquillement dans le village. En revenant à l’hôtel, on se renseigne sur ce qu’il y a voir dans les environs. La réceptionniste nous indique un parc botanique et nous apprend qu’elle peut nous prêter des vélos. Parfait, notre plan de l’après-midi est tout trouvé. On enfourche nos nouvelles montures et on part en direction du parc. “Nouvelles” est un peu fort, on se retrouve avec des vieux vélos sans vitesses mais qui feront largement l’affaire, en plus on a des sonnettes, que demande le peuple.
5km plus loin, on arrive devant la porte principale et l’on découvre que l’entrée coûte 5$ par personne. Mmh on ne va pas payer pour aller voir des plantes dans un parc, alors que l’on est en pleine campagne. Un petit tour sur maps.me (super pratique cette petite application gps) nous apprend que des plantations de café se trouve à 7km de là. Parfait ! On remonte sur nos vélos de compèt et on se dirige vers les plantations (on se tape, au passage, une méchante côte dès la reprise). On se retrouve rapidement sur un chemin de terre, avec re-des côtes, qui nous font poser pied à terre (ouais on est plutôt des chochottes du vélo).
Pour le coup on se trimballe tranquillement au milieu des plants de café et c’est pas si mal, on prend notre temps. Avec un peu de déception on finit par arriver au bout de notre chemin pépouze et on se retrouve sur une nationale. On regagne le village en se faisant doubler par des semis-remorques, bonjour le changement d’ambiance. On finit l’après-midi en prenant un thé dans un petit tea-shop croisé à l’entrée du village, et en passant nous chercher à becqueter au marché nocturne (ouais il fait nuit à 17h45).
12 décembre : tous à bord du Pyin Oo Lwin expressssss
Pour rejoindre Hsipaw, notre prochaine étape, on décide de suivre les conseils reçus d’un pote passé peu de temps avant nous au Myanmar (coucou Arnaud si tu lis, et merci pour le conseil, c’était chouette).
On embarque donc, à 8h30, dans le train faisant la liaison entre les 2 villes (en classe “ordinary” histoire de ne pas se retrouver avec quasiment que des touristes en “upper class”) et on s’assoit bien confortablement sur de belles banquettes en bois, raides à souhait.
Au guichet on nous a annoncé 7h de trajet : Ah….Ah….Ah.
La première partie se passe très bien : bon oubliez définitivement la partie express, on doit atteindre les 15km/h de moyenne (peut-être une pointe à 25, quand Georges à poussé à fond de cale, mais on n’est pas sûr. Et oui, le conducteur s’appelle arbitrairement Georges).
Mais, en vrai, c’est plutôt chouette; on voit défiler tranquillement la campagne birmane et les petits villages, on rase les fleurs poussant au bord des rails (et on se prend gentiment des branches dans la gueule) et l’on arrive jusqu’au point faisant la renommée du trajet : le viaduc de Gokteik (ahhh, mais oui…). C’est un immense pont, de plusieurs centaines de mètres de hauteur, reliant 2 flancs de montagnes, et que l’on traverse à 5km/h.
On a largement le temps d’apprécier le paysage, magnifique, ainsi que le vide sous nos pieds (pas de carreau au fenêtres, d’où les branches dans le museau, et les portes ne sont pas fermées, parce que …. pourquoi pas).
Franchement, le moment est grandiose, on serait quasiment prêts à descendre à la prochaine gare pour reprendre le train dans l’autre sens. Mais bon, il faut penser à avancer. Le viaduc passé, on continue pendant 2h avant de nous arrêter une nouvelle fois (on fait pas mal de stop aux différentes petites gares) aux alentours de 12h30. On ne commence à s’inquiéter que 15min plus tard, lorsque l’on se rend compte que, non seulement personne ne monte dans le train, mais qu’en plus notre wagon se dépeuple petit à petit. On essaye de se renseigner mais, encore une fois, malgré la bonne volonté de chacun, la communication n’ait pas aisée. On réussit à comprendre que le train fait une pause de 2h, mais on n’en comprend pas précisément la raison. Tous les voyageurs étant maintenant sortis pour s’acheter un truc à manger, on en fait de même. On se retrouve dans une sorte de petite gare en plein air, perdue dans la campagne (il n’y a vraiment rien autour, le néant), avec 2 ou 3 petits stands de bouffe. Et l’attente commence… pour bien plus longtemps que les 2h annoncées. Aux environs de 16h (un petit moment donc qu’on a compris que : soit on n’a pas bien capté l’info, soit on s’est bien foutu de nous) on va se renseigner auprès du “chef de gare”. Le mec commence par rigoler lorsqu’on lui demande quand est-ce que l’on doit repartir, baragouine quelques mots de birmans avec ce qui semblent être des “mini-chef de gare”, et nous dit finalement que l’on doit repartir vers 17h. Pas de soucis, ça fait un moment que l’on a appris à patienter dans les transports en commun, et ça fait surtout plaisir de décrocher une info claire. Finalement, à 17h, un autre train se pointe dans l’autre sens : on se dit que, que comme il n’y a qu’une voie, on devait s’être arrêtés pour le laisser passer (merci le timing). Mais non! Le train s’arrête juste à côté du nôtre et des mecs déchargent ce qui semble être une pièce de rechange. On était en panne ! À 17h30, la pièce de la locomotive changée, le train, brinquebalant, repart tranquillement, pour la plus grande joie de tous les passagers. On arrive à Hsipaw vers 20h30, après une nouvelle pause pour le dîner (on risque pas de crever la dalle en voyage, ça c’est certain). Le trajet de 7h annoncé, transformé en une journée de 12h, assis sur des banquettes en bois et bien secoués grâce aux rails flambant vieilles, on est plutôt fourbus à l’arrivée. Il fait nuit depuis un moment maintenant, on s’équipe de nos lampes frontales, et, sacs sur le dos, on rejoint, à pieds, l’auberge de jeunesse. On l’atteint à 21h, et, après un rapide check-in, on “court” s’affaler sur nos lits.
Premier jour à Hsipaw : tranquilou bilou
Le lendemain de notre arrivée, on décide de prendre notre temps et de faire un tour en ville. On demande au réceptionniste de la guesthouse s’il y a quelque chose de particulier à voir et il nous indique “Little Bagan”, un peu à l’extérieur du village. Concrètement, au Myanmar, si vous ne savez pas quoi faire, vous pouvez toujours trouver des pagodes et des stupas sur lesquels vous rabattre. Mais bon, on aime bien marcher, et ça donne plus ou moins un objectif. On y arrive en début d’après-midi, et, effectivement, c’est un Little Bagan : quelques pagodes qui se battent en duel, et un monastère (on se dit que le nom a dû être donné par l’un des hôtels alentours histoire de donner un peu de cachet au coin). Mais bon (ouais on se répète), les édifices sont vieux et pas dénués de charmes au final, et puis on marche pépères sur un petit sentier au calme, pas de quoi se plaindre.
On croise même une pagode avec un arbre perché au sommet, plutôt chouette. On continue notre chemin et l’on s’arrête dans un café, Mrs. Popcorn Garden, posé dans un cadre très sympa, et à la tenancière toute aussi sympa. On y trouve des jus de fruits frais (fruits du jardin) et du vrai café noir : au Myanmar tout le monde boit et vend des sachets de café, ou de thé, 3 en 1 (café, lait, sucre), dont on se lasse assez vite. Bref, la propriétaire nous ramène un café et un soda citron/menthe (feuilles de menthe fraîchement cueillies) et l’on s’installe 1h pour profiter du calme et de la sérénité de l’endroit.
On repart en milieu d’après-midi et l’on va finir la journée au bord de la rivière. En rentrant, le soir, à la guesthouse, on s’inscrit pour un trek de 10h pour le lendemain.
Deuxième jour : on se bouge un peu les miches
Le 14 décembre, on est levé à 6h30 pour aller prendre le petit-dej. Aujourd’hui, pas question de traîner, on doit partir, à 7h30, pour 10h de trek dans les montagnes. On se retrouve donc devant l’auberge, à l’heure prévue avec notre guide, Dave (ouais nous aussi on s’est dit que ça faisait pas très… typique), et nos 2 compères de la journée : Alexandro, un Italien, et Jordi un espagnol. On commence par traverser les rizières bordant le village, avant d’arriver au pied de la montagne.
Au programme, grimpette jusqu’à un village Shan (une des très nombreuses tribue du Myanmar) que l’on doit atteindre pour le repas du midi. En route, on ne croise pas grand monde mis à part les habitants des 2 villages (Pao) que l’on traverse. Dave nous explique aussi l’utilisation que les locaux font des différentes plantes que l’on trouve sur le bord du chemin (vertues médicales ou arômes pour le thé et les plats) et nous fait goûter toute sorte de feuille.
En milieu de matinée, on s’arrête dans une petite gargotte à flanc de colline pour déguster une salade feuille de thé/tomates/cacahuètes particulièrement fraîche et savoureuse.
On reprend ensuite notre escapade pendant 1h30, au milieu de la forêt et des plantations de thé pour finalement débarquer dans le village Shan (petite mention spéciale au panneau de bienvenue : les mecs ont réussi à faire une faute au dernier mot de l’inscription donc il se sont rattrapés comme ils ont pu).
À l’entrée de chaque village (mis à part les superbes panneaux) on trouve un immense arbre : c’est un “Bouddha tree”, symbole important de la religion bouddhiste, puisque c’est là que Bouddha a atteint l’illumination (précision rappelée plusieurs fois par notre guide : “no pee and no shit” sous cet arbre). On arrive enfin, en haut du village, à la maison où l’on doit déjeuner.
On s’arrête alors pendant quasiment 2h. Le repas, à base de riz, de feuilles de moutarde, d’aubergines, de curry de citrouille, de salade concombre/cacahuètes (qui finira presque entièrement dans l’assiette de Noémie) est juste succulent. Le propriétaire nous arrose en plus d’un vin de riz (vin uniquement par le nom, c’est une sorte de gnôle maison à 40°C), on est refait pour la journée. Histoire de digérer tranquillement, on entame une partie de chinlon, sport très pratiqué au Myanmar (on en voit partout que ça soit à la sortie des temples ou au bord de la route). Le principe est plutôt simple: se passer la balle, au pied, en tentant de ne pas la faire tomber. Franchement, on mettra 45 min pour réussir à se faire 15 échanges (bon, notre hôte, qu’on suspecte de largement consommer le “vin” servi à table, ne nous aide pas vraiment, même s’il se marre comme un beau diable) mais le moment est vraiment drôle.
On quitte notre hôte, qui même s’il n’est pas un pro du chinlon, est quand même un super cuisinier, et on prend le chemin du retour, pendant 3h30, avec des paysages et des panoramas magnifiques.
Arrivés un peu en avance au pied de la montagne (on est pas des pros du vélos, mais la marche ça nous fait pas peur), Dave nous emmène jusqu’à une source d’eau chaude où les gens des villages alentours viennent se baigner et se laver. Tout le monde retire chaussures et chaussettes et l’on passe un moment relax bien agréable après cette journée plutôt intense. Un pick-up vient finalement nous chercher (on n’a pas vu le temps passer) pour nous ramener à la guesthouse. Bilan : journée de 11h30 et 34 km avalés, plutôt plaisant. On termine par un petit restaurant avec Alexandro et Jordi, et un allemand et une australienne croisés à notre retour. Belle journée s’il en est.
Le lendemain, départ prévu à 16h30 pour rejoindre Kalaw.
Le reste des photos, c’est par ici : Pyin Oo Lwin & Hsipaw
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