Jour 1 : arrivée et repos
Nous arrivons à Hampi, le matin du 10 novembre, après une nuit de bus depuis Goa. Le sommeil n’aura pas été le mot d’ordre : le conducteur se prend pour Schumacher … en bus. Chaque virage est pris à la vitesse maximale, chaque “freinage” est réalisé au dernier moment, le tout accompagné d’une série de coups de klaxon (plus ou moins long selon la situation). Bref une nuit quasi-blanche.
Nous sortons du bus à 6h30, bien engourdis, et sommes accueillis par l’habituelle cohue de conducteurs de tuktuk (il en devient même difficile de descendre les marches). Ce n’est pas notre première fois donc nous nous extirpons en poussant, repoussant le monde (il ne faut vraiment pas se gêner, c’est comme cela que ça fonctionne) et nous posons à l’écart.
Nous remarquons alors que nous avons débarqué dans le marché du village et que les échoppes commencent à ouvrir.
Nous en trouvons rapidement une proposant le chaï et le petit-déjeuner et nous y installons. Plutôt compliqué de converser, nos hôtes ne parlent qu’en hindi, mais nous sommes servis avec le sourire et c’est bien ça l’important.
Nous prenons ainsi tranquillement nos repères dans ce marché qui deviendra notre halte repas des 3 prochains jours (on peut vous servir du petit-déjeuner au dîner pour 2 à 3 fois moins cher que dans les restaurants du village). Nous avons déjà une vue sur l’un des plus grand temple encore en activité. En effet, il en existe plus de 1600 dans et aux alentours du village mais beaucoup ne sont plus que des vestiges plus ou moins bien préservés. Nous découvrons rapidement les principaux voisins des humains dans cette ville: les singes!
On ne saurait vous dire combien ils sont, mais, s’il leur venait l’envie (on ne sait pas, peut-être) de prendre la ville d’assaut, soyez sûrs qu’elle serait leur en deux temps trois mouvements. Ils sont partout: parcourant les toits ou les rues de la ville, subtilisant tout ce qui peut ressembler à de la nourriture (nous en ferons l’expérience 2 jours plus tard).
Nous vous le disions, nous n’avons pas dormi de la nuit, et, après nous être rempli le gosier, nous commençons à piquer du nez. Nous rejoignons donc la chambre que nous avons réservé dans le village et après nous y être “installé”, nous tombons comme des masses.
Nous émergeons en milieu d’après-midi et décidons tout de même de partir en reconnaissance des alentours. Le tour du village est rapidement fait: il n’y a là qu’une centaine d’habitations pour environ 400 personnes y vivant au quotidien. Nous remarquons qu’une rivière longe le bourg en contrebas et nous nous y rendrons pour passer la fin de journée (l’endroit deviendra la halte de fin de soirée).
En rentrant à notre chambre, nous croisons, plusieurs fois, un symbole dessiné sur les pas de portes : le mandala.
Ce symbole, dans l’hindouisme, sert de lieu d’invocation des divinités et permet la protection du logement ou simplement une offrande aux divinités en question.
Jour 2 : perdus dans les bananeraies et cascade introuvable
Lors de notre virée de la veille auprès de la rivière, nous avions remarqué une pancarte indiquant “Waterfall” au bout du sentier. Sachant que nous avons encore 3 jours sur place, nous décidons de laisser les temples pour plus tard et d’aller explorer la campagne aux alentours du village. La rando, bien agréable, nous prend la moitié de la journée. Nous passons aux abords des nombreuses bananeraies qui entourent le village, et y redécouvrons des systèmes d’irrigation semblables à ceux observés en Afrique (#dévieslarivière).
Suivant les indications de la cascade nous continuons sur la route se transformant en sentier et nous enfonçons au cœur des plantations. Après 1h30 de marche, nous arrivons au bout du sentier sans n’avoir plus croisé un seul panneau. Face à nous, un minuscule chemin plonge entre les bananiers : qu’à cela ne tienne, nous ne sommes pas arrivés jusque là pour faire demi-tour. Pendant 1h nous arpentons le chemin et ses nombreuses ramifications pour finalement déboucher sur une rivière. Victoire? La cascade serait-elle proche? Pas du tout. Nous croisons un groupe d’hommes, pique-niquant sur les rochers, qui nous indique que nous ne pouvons pas aller plus loin, que la cascade se trouve à l’opposé mais que si nous voulons l’atteindre il nous faut un guide. Dans la foulée, il ajoute que c’est notre chance puisqu’il est lui-même guide: il peut nous y conduire pour 500 roupies. Nous refusons net la proposition : ça sent l’arnaque à plein nez et le cadre dans lequel nous venons de débouler nous convient finalement, parfaitement.
Nous y faisons une bonne pause avant de reprendre notre route, tentant, tant bien que mal, de retrouver notre chemin. Nous nous retrouvons, après 15 min d’errance, nez à nez avec un énorme tuyau de drainage : bonheur ! Nous l’avons suivi quasiment tout du long à l’aller et nous faisons de même pour finalement nous extirper de la plantation et retrouver notre bon vieux sentier de terre. L’après-midi touche à sa fin quand nous parvenons au village, et, comme la veille, nous passons une partie de la soirée près de la rivière.
Nous allons finalement nous chercher à manger aux marché et rentrons nous coucher pour une nuit de sommeil plutôt méritée.
Jour 3 : à la découverte des temples
Samedi 11 novembre, nous décidons qu’il est temps de sortir nos chapeaux d’Indiana Jones et nous partons pour une journée à la découvertes des nombreux temples dont regorge la ville. Nous ne serons pas déçus.
Ils sont regroupés dans 3 zones différentes et nous en choisissons 2 pour cette première partie. Pour êtes tout à fait francs, nous n’avons pas noté le nom de tous les temples que nous avons pu voir. Sachez simplement que chacun est dédié à un dieu particulier ou à l’une de ses différentes incarnations et que le nom du temple est souvent en lien avec le nom de la divinité.
Petit aparté historique (parce qu’on sait que vous aimez ça .. ou pas).
Hampi se trouve au sein des ruines de la ville de Vijayanâgara. Celle-ci fut, à un moment de l’histoire (aux alentours du XVeme siècle) la seconde ville la plus peuplée au monde, s’étendait sur 43 km2 et comptait environ 500 000 habitants : l’un des royaumes les plus riches et prospères de l’époque. Bon ils ont perdu une guerre contre les sultanats du Deccan (royaumes musulmans du sud de l’Inde), fin de l’histoire : la ville a été dévalisée et les habitants l’ont quitté.
Aujourd’hui, l’ensemble du site est classé au patrimoine de l’UNESCO.
Fin de l’aparté.
L’un des édifices les plus remarquable est le temple Virupaksha. En effet, il se trouve au cœur du village et est difficilement manquable du fait de ses 50m de hauteur.
Il est dédié à Shiva, l’une des 3 divinités créatrices du monde selon la religion hindou (les 2 autres étant Brahmâ et Vishnu), et est toujours en activité. De nombreux festivals y prennent d’ailleurs place tout au long de l’année. À partir de celui-ci, une série de marches (600 selon le site de l’UNESCO, parce que ouais, des fois, on triche) vous fait parvenir jusqu’à un second temple : le temple de Ganesh, divinité aux 4 bras et à la tête d’éléphant, dont une imposante statue prône au fond bâtiment.
Ganesh : Dieu de la sagesse, de l’intelligence, qui supprime les obstacles et récompense les êtres en quête de savoir. Il est la divinité la plus vénérée en Inde. Chacun de ses bras porte un attribut particulier: une hache pour détruire le désir et apporter la sérénité, un noeud coulant pour capturer les erreurs ou encore un bol de friandises pour récompenser le chercheur de vérité.
Nous redescendons ensuite de l’autre côté de la colline et découvrons le temple d’Hanuman, le dieu-singe. Aujourd’hui abandonné de ses fidèles, l’édifice tombe peu à peu en ruines, mais il en reste tout de même une belle partie. Le dieu serait le père de tous les singes d’hanuman et il semblerait qu’il ait été plutôt prolifique à Hampi. A côté de celui-ci se trouve le temple de Shiva (un autre). Celui-ci est moins haut, plus étendu, et comprend différentes structures. Chacune est sculptée de représentations des différentes incarnations du dieu et gravées de nombreuses inscriptions.
Nous regagnons le village en fin de matinée pour le déjeuner (c’est que ça creuse de jouer les aventuriers). Nous achèterons quelques bananes qui nous seront habilement subtilisées par l’une des filles d’Hanuman: la technique de défense “petits cris de chaton apeuré” de Noémie, restera sans effet. Le lendemain, une nouvelle tentative de vol sera efficacement désamorcée grâce à la technique “moulin avant armé d’une bouteille d’eau de 2L” (le nom des techniques employées sont encore à revoir).
Allégés de nos bananes mais le ventre bien rempli nous repartons vers une deuxième zone de la ville. Celle-ci se trouve derrière les collines faisant face au temple Virupaksha.
Nous passons l’après-midi à arpenter la montagne et à y découvrir les nombreux temples, plus ou moins grands, plus ou moins cachés, qui s’y trouvent.
Il fait plutôt chaud et nous ne mettons pas longtemps à vider nos stocks d’eau. La dernière goutte sonne le glas de notre aventure et nous décidons de rentrer au village en suivant la rivière que nous avons retrouvé au pied du dernier temple croisé.
Le soir nous nous rendons dans l’agence faisant face à notre chambre pour réserver notre billet de train du lendemain. Nous en profitons pour demander à notre hôte de nous aider dans la réalisation d’un défi reçu d’une collègue de Noémie : écrire son nom, Lynda (désolé pour l’anonymat), en Hindi. Le moment sera plutôt sympa et durera une bonne demie-heure. Notre homme aura besoin de l’aide de 2 amis, qui auront eux-mêmes besoin de l’aide de 2 femmes habitant à côté, pour nous rendre la traduction.
Cela s’explique par la diversité des langues parlées en Inde: il en existe plus de 18 sur l’ensemble du pays. Le groupe nous apprend que la langue utilisée à Hampi est le Kannada et que l’Hindi n’est que la 3ème des langues apprises à l’école.
Jour 3 : aller en bus et retour à pieds
Le 3ème jour, nous devons quitter notre chambre, mais, avant cela, il faut la payer. Le souci est que nous sommes à court de liquide et qu’il n’y a pas de distributeur dans le village. Nous nous rendons donc, en bus, dans une ville à 5km, pour retirer. Notre train ne partant qu’à 21h, cela nous laisse une nouvelle journée pour nous balader dans la région. Nous laissons nos gros sacs aux bons soins de notre hôte qui nous apprend que la dernière zone que nous n’avons pas encore visité, l’enclave royale, se trouve sur le chemin du village. Notre retrait fait (dans le 3ème et dernier distributeur, qui a bien voulu accepter notre carte) nous prenons donc le chemin du retour à pieds. Nous bifurquons assez rapidement pour quitter la route et gagner la pampa dans laquelle se trouve la fameuse enclave.
Nous croisons là un troupeau de chevaux dont la technique de gardiennage est plutôt particulière : pas de gardien nécessaire, les animaux ont 2 pattes (avant et arrière) attachées pour les empêcher de galoper et de pouvoir trop s’éloigner.
Nous arrivons bientôt aux abords du complexe de temples, toujours aussi magnifiquement sculptés et ornés de leurs différentes inscriptions. Des fresques, sculptées elles-aussi, retracent des parties de l’histoire sociale et économique de la ville.
Cette dernière zone est l’une des plus touristique et de nombreux tuktuk attendent sagement les voyageurs qui voudraient rejoindre Hampi. N’ayant jamais vu Indiana Jones utiliser un tuktuk dans ces aventures, nous décidons d’emprunter un chemin se dirigeant, apparemment, vers le village. Bille en tête, nous laissons de nombreuses ramifications de côté pour suivre la “voie principale” et arrivons, comme de par hasard, dans des bananeraies. Ne voulant pas rééditer notre précédente erreur, nous faisons demi-tour et tentons l’un des sentiers croisé à l’aller.
Nous arrivons jusqu’à un autre temple (il en pousse partout) et tombons sur deux bergères menant leur troupeau. Elles veulent bien nous aiguiller, moyennant 20 roupies, jusqu’à la route conduisant à Hampi. Nous acceptons (pas envie de retourner jusqu’à l’enclave) et nous voilà partis pour … 200m. En effet, au prochain croisement, elles nous indiquent une route de terre partant vers la gauche: “Hampi, c’est par là”, et s’en vont à l’opposé après avoir réclamé leur dû. Il faut le savoir, ici, tout se monnaye.
Nous reprenons donc notre chemin, sillonnant entre les bananeraies et retrouvons, 45 min plus tard, la route menant au village que nous atteignons en fin d’après-midi.
Qui dit fin d’après-midi, dit pause rituelle au bord de la rivière, et nous apprécierons particulièrement celle-là.
Nous arrivons en même temps qu’un groupe de pèlerins venu se purifier dans ses eaux. Nous assistons, béats, à l’ensemble du rite, oubliant de prendre quelques clichés. Les hommes, car il n’y a pas une seule femme dans le groupe, sont tous habillés de noir. Ils se plongent, tour à tour, 3 fois dans l’eau, tout habillé. Ils enlèvent ensuite leur vêtements qui s’en vont dériver dans le courant, expliquant les tas de linge que nous avions trouver en aval de la rivière pendant notre escapade de la veille. Ils sortent ensuite de nouveaux habits, qu’ils nettoient eux-aussi, avant de les enfiler. Durant tout le rituel, d’autres personnes, seules ou en famille, s’approchent du cour d’eau pour y déposer des lanternes ou se laver.
Il est 19h lorsque nous quittons notre spot pour regagner, en bus, la gare d’Hospet (ville voisine) et notre prochain train de nuit vers Mysore.
Nous rencontrons un Allemand et une Néo-zélandaise avec qui nous ferons le voyage. Notre escale à Mysore ne sera que d’une journée (bien crevante car nous marcherons toute la journée avec nos 13kg sur le dos) avant de reprendre un bus de nuit vers Cochin.
Hampi aura été notre destination préférée du le sud de l’Inde. Même si l’endroit est plutôt touristique, le village reste particulièrement calme (autant que peut l’être un village en Inde) et nous avons pu nous écarter des sentiers battus et découvrir de magnifiques temples et panoramas.
Le reste des photos est par ici : Hampi
Camille
Ravie de voir qu’Hampi vous a laissé de beaux souvenirs ! C’est aussi un coup de cœur pour moi 🙂
S’il y a autant de singe dans cette ville c’est qu’au 20e siècle, des ricains sont venus tourner un film ici et la production avait besoin de nombreux singes. Ils en donc ramené un certain nombre qu’ils ont laissé sur place ensuite, les singes se ont reproduit et ont envahit la région 😉
GougeonSauvage
Thanks, on n’avait pas l’anecdote du film :). Bisous